Observations personnelles

Cas nĦ 1

Mlle P., ‰gŽe de 29 ans, est adressŽe au service de Neurologie de lĠh™pital Pasteur de Cherbourg en septembre 1990 par son ophtalmologiste pour une mydriase.

Il sĠagit dĠune mydriase de lĠÏil droit survenue le 21 septembre 1990 aprs un Žpisode de douleurs cervicales et de cŽphalŽes postŽrieures droites. On note Žgalement une exophtalmie et un Žlargissement de la fente palpŽbrale droite. La mydriase est rŽactive, les rŽflexes photomoteurs et ˆ lĠaccommodation-convergence sont normaux, la motricitŽ oculaire extrinsque est normale, la pupille se contracte normalement ˆ la pilocarpine ˆ 2%. Le reste de lĠexamen neurologique est normal.

On retrouve une surcharge pondŽrale, une prise de contraceptifs oraux, un tabagisme passif.

Sur le plan cardiologique, lĠexamen clinique est normal, en particulier on ne retrouve pas de souffle vasculaire ni de cardiomŽgalie. La recherche dĠune cardiopathie emboligne est nŽgative. Les diffŽrentes explorations rŽalisŽes sont normales (examen doppler, Žlectro-cardiogramme, Žchographie cardiaque transthoracique et transÏsophagienne).

LĠexploration biologique montre une hypercholestŽrolŽmie ˆ 8,54 mmol/litre et une glycŽmie ˆ ježn limite ˆ 6 mmol/litre.

Un scanner cŽrŽbral sans et avec injection est normal. CĠest gr‰ce ˆ lĠimagerie par rŽsonance magnŽtique que lĠon met en Žvidence une lacune dans le pŽdoncule cŽrŽbral droit au voisinage de la formation rŽticulŽe ; au niveau du rachis cervical on ne retrouve pas dĠanomalie de la taille de la mo‘lle ni du canal cervical ou de signal des corps vertŽbraux. Cette image lacunaire mŽsencŽphalique droite est reproduite ci-aprs :





Image obtenue par rŽsonance magnŽtique nuclŽaire. Coupe sagittale en sŽquence pondŽrŽe en T1.




Image obtenue par rŽsonance magnŽtique nuclŽaire en sŽquence pondŽrŽe en T2. Coupe transvervale pŽdonculaire. La lŽsion mŽsencŽphalique droite appara”t en hypersignal.


Image obtenue par rŽsonance magnŽtique nuclŽaire en sŽquence pondŽrŽe en T1 aprs injection de gadolinum. Coupe transversale pŽdonculaire.


Le 20 avril 1993, lĠexamen neurologique et oculaire est normal, les troubles pupillaires ont disparu, les rŽflexes photomoteurs et lĠoculomotricitŽ sont normaux.

On conclut ˆ un accident ischŽmique de type mŽso-encŽphalique chez une jeune femme prŽsentant des facteurs de risques vasculaires.



Cas nĦ 2

Mme F., ‰gŽe de 29 ans, est adressŽe en octobre 1991 par un ophtalmologiste au service de neurologie de lĠh™pital Pasteur de Cherbourg pour lĠapparition subite dĠune mydriase droite. Cette mydriase survient en dehors de tout contexte cŽphalalgique, alors que la jeune femme est en dŽbut de grossesse.

A lĠexamen, il sĠagit dĠune mydriase droite rŽactive. Le rŽflexe photomoteur est prŽsent, la pupille se contracte ˆ la convergence. Il nĠy a pas de paralysie oculomotrice. On retrouve une abolition des rŽflexes ostŽo-tendineux des membres infŽrieurs. Il nĠexiste pas de cŽphalŽes, pas de signes dĠaccompagnement. Il nĠy a pas de cervicalgies, pas de symptomatologie pleuro-pulmonaire, en particulier lĠauscultation des sommets est normale. La pression artŽrielle est normale.

LĠexamen ophtalmologique et le fond dĠÏil initiaux sont considŽrŽs comme normaux.

Lors dĠun nouvel examen ophtalmologique, on note une myopie. La pupille droite est en mydriase, avec rŽflexe consensuel prŽsent mais diminuŽ ainsi quĠun myosis ˆ la convergence diminuŽ mais prŽsent. Les fonds dĠÏil droit et gauche sont normaux.

Les examens biologiques, la radiographie pulmonaire, les radiographies du rachis cervical, lĠexploration par rŽsonance magnŽtique sont normaux.

Un an plus tard, alors que la grossesse nĠa pas ŽtŽ menŽe ˆ terme, il nĠy a pas dĠŽvolution sur le plan oculaire. LĠinstillation de pilocarpine dans lĠÏil droit permet dĠobtenir lĠŽgalitŽ pupillaire pendant une douzaine dĠheures. Les rŽflexes ostŽo-tendineux sont toujours absents aux membres infŽrieurs, prŽsents mais faibles aux membres supŽrieurs. On ne retrouve pas de signes de dysautonomie. La jeune femme nĠest pas gnŽe dans sa vie quotidienne.



Commentaires

Nous rapportons ici deux cas de femmes jeunes adressŽes par leur ophtalmologiste au neurologue pour Žtablir le diagnostic dĠune mydriase isolŽe non paralytique.

Dans la premire observation, Mlle P. prŽsente une association de facteurs de risque dĠaccident ischŽmique : excs de poids, glycŽmie ˆ jeun limite, hyperlipŽmie, contraceptifs oraux et plus accessoirement tabagisme passif. LĠenqute Žtiologique a permis de retrouver comme cause de la symptomatologie pupillaire une lŽsion de type ischŽmique pŽdonculaire.

La confrontation de lĠimagerie par rŽsonance magnŽtique avec lĠanatomie permet de situer la lŽsion ischŽmique ˆ proximitŽ de la zone de passage des fibres sympathiques ˆ destinŽe oculaire dans la rŽgion sous-thalamique. Cette lŽsion a en effet ŽtŽ situŽe radiologiquement dans le pŽdoncule cŽrŽbral droit au voisinage de la formation rŽticulŽe. Nous avons vu au cours du chapitre sur lĠanatomie des centres et du trajet des fibres sympathiques (cf. page 23 et schŽma 2 page 24) que cĠest dans cette zone que se situe le passage des voies sympathiques aprs leur Žmergence hypothalamique. Des syndromes de Claude Bernard-Horner peuvent Žgalement Žtre retrouvŽs lors de lŽsions sous-thalamiques [52]. Dans lĠobservation qui nous intŽresse, une lŽsion de cette rŽgion a provoquŽ un syndrome de Pourfour du Petit rŽgressif, syndrome inverse par excitation des fibres. On peut attribuer la symptomatologie et son Žvolution aux perturbations locales (Ïdme) secondaires ˆ lĠaccident ischŽmique initial qui par compression des fibres sympathiques de voisinage provoque leur stimulation, la rŽgression de lĠÏdme sĠaccompagnant de la rŽgression des manifestations pupillaires.

On note que le syndrome de Pourfour du Petit observŽ est bien homolatŽral ˆ la lŽsion retrouvŽe par lĠIRM. CĠest cet examen plus sensible que le scanner pour les lŽsions pŽdonculaires et qui occupe une place fondamentale en neurologie qui a permis de dŽterminer lĠorigine du syndrome de Pourfour du Petit chez cette jeune femme. LĠaccident ischŽmique initial est restŽ muet cliniquement en dehors de cette mydriase rŽgressive, la patiente nĠa gardŽ ˆ lĠheure actuelle aucune sŽquelle clinique de cet Žpisode.

Cette observation rapporte le seul cas dŽcrit jusquĠˆ prŽsent dĠun syndrome de Pourfour du Petit associŽ ˆ une lŽsion mŽsencŽphalique ischŽmique documentŽe. On peut cependant en rapprocher lĠobservation ancienne de Foix, Chavany et Bascourret [21] o un homme de 60 ans avait prŽsentŽ brutalement un syndrome thalamique, une hŽmiparŽsie, une hyperhidrose et un syndrome de Pourfour du Petit avec les rŽserves qui sĠimposent Žtant donnŽs lĠanciennetŽ du cas et le manque de moyens dĠinvestigation de lĠŽpoque.

La plupart des cas de syndrome de Pourfour du Petit dŽcrits atteignent la cha”ne sympathique cervicale ˆ partir de son Žmergence mŽdullaire comme en tŽmoigne la terminologie la plus frŽquente employŽe ˆ savoir syndrome dĠexcitation du sympathique cervical. Les autres cas rapportŽs avec lŽsions mŽsencŽphaliques (PŽrisson[37], Foix [21], Sainton [43], Monodesi [26]) sont anciens, mal documentŽs, ne permettant pas de conclure de faon certaine.

La deuxime observation pose un problme diagnostique. Il sĠagit dĠune jeune femme qui prŽsente en dŽbut de grossesse, en dehors de tout contexte pathologique, une mydriase isolŽe unilatŽrale associŽe ˆ une abolition des rŽflexes ostŽo-tendineux des membres infŽrieurs.

Devant ce tableau on peut Žcarter dĠemblŽe lĠŽventualitŽ dĠune mydriase paralytique, les rŽflexes pupillaires Žtant tous prŽsents.

LĠassociation de la mydriase avec lĠabolition des rŽflexes ostŽo-tendineux Žvoque en premier lieu un syndrome dĠAdie. Ce syndrome qui comporte encore bien des points dĠombre tant au niveau de sa physiopathologie que de son origine serait liŽ ˆ une atteinte au niveau du ganglion ciliaire [39]. Il est caractŽrisŽ par [29] :
- une mydriase ˆ lĠŽtat statique  : la pupille en mydriase est souvent excentrŽe, dŽformŽe, irrŽgulire ;
- une diminution ou une abolition du rŽflexe photomoteur : il est gŽnŽralement aboli ; sĠil est prŽsent il est anormal, lent et faible, le rŽflexe consensuel est aboli ;
une contraction lente et retardŽe lors de la vision rapprochŽe : la contraction ˆ lĠaccommodation-convergence persiste mais est trs particulire : elle peut dŽbuter en retard par rapport au mouvement de convergence, puis elle sĠeffectue lentement, progressivement et de manire excessive. A la fin de lĠeffort de convergence la dŽcontraction est elle aussi pathologique, trs lente, ample.
une contraction pupillaire sous lĠeffet des drogues cholinergiques : la pupille rŽagit de faon exagŽrŽe ˆ lĠinstillation de collyres myotiques (mŽcholyl, pilocarpine) ; ces tests ne sont toutefois pas pathognomoniques dans la pupille dĠAdie ;
une accommodotomie, ou paralysie de lĠaccommodation : elle caractŽrise surtout les dŽbuts de lĠaffection et cĠest souvent elle qui amne les patients ˆ consulter du fait de la gne quĠelle entra”ne. Elle affecterait 90 % des patients en deˆ de deux ans dĠŽvolution.
une arŽflexie tendineuse inconstante de mŽcanisme inconnu.

Un rŽtrŽcissement de la fente palpŽbrale a ŽtŽ signalŽ dans quelques cas : il est en gŽnŽral peu marquŽ et peut faire partie dĠun syndrome de Claude Bernard-Horner [29].

La pupille dĠAdie peut Žvoluer vers une amŽlioration de lĠaccommodotomie et de la mydriase. Pour le reste lĠŽvolution se fait vers une aggravation de la perturbation du rŽflexe photomoteur, vers une aggravation de lĠhyporŽflexie tendineuse et vers la bilatŽralisation.

Dans le cas rapportŽ, sĠil existe des points communs troublants, le tableau clinique diverge sur les points fondamentaux du diagnostic de la pupille dĠAdie ou pupillotonie. Chez cette jeune femme, le rŽflexe photomoteur est conservŽ, le rŽflexe consensuel quoique diminuŽ est Žgalement prŽsent. Le rŽflexe ˆ lĠaccommodation bien que diminuŽ ne prŽsente pas les caractŽristiques de celui de la pupille dĠAdie. Enfin lĠŽvolution est stable.

La mydriase de cette jeune femme entre dans le cadre des mydriases unilatŽrales, isolŽes, avec conservation des rŽactions pupillaires qui constituent la majoritŽ des syndromes de Pourfour du Petit dŽcrits et rapportŽs dans la littŽrature. Le bilan Žtiologique rŽalisŽ nĠa malheureusement pas permis de dŽterminer lĠorigine de cette mydriase, qui ne gne pas la patiente dans sa vie quotidienne.

Cette observation dĠun syndrome de Pourfour du Petit partiel montre la difficultŽ dĠidentifier avec certitude ce syndrome souvent frustre et incomplet qui peut mener ˆ dĠautres hypothses diagnostiques. Nous en avons vu quelques exemples au cours de la revue de littŽrature (syndrome de Claude Bernard-Horner controlatŽral, conjonctivite). Il peut Žgalement passer inaperu, particulirement si la mydriase est discrte, nŽcessitant parfois mme dĠtre rŽvŽlŽe par une Žpreuve des collyres, et ce dĠautant plus que la mydriase en elle-mme nĠoccasionne que peu de gne, les rŽflexes Žtant conservŽs. Le syndrome dĠexcitation du sympathique ne sera alors dŽcouvert quĠˆ lĠoccasion de manifestations plus bruyantes dues ˆ la pathologie responsable de sa prŽsence. Ainsi, comme lĠŽvoquent quelques dĠauteurs, ce syndrome est peut-tre plus frŽquent quĠil nĠest dŽcrit, la raretŽ de ses descriptions Žtant liŽe dĠune part au peu dĠinconfort quĠil gŽnre, dĠautre part ˆ la rapiditŽ avec laquelle il peut tre remplacŽ par un syndrome de Claude Bernard-Horner lors de lŽsions dĠŽvolution progressive.

Dans la plupart des cas observŽs, la dŽcouverte du syndrome de Pourfour du Petit est gŽnŽralement fortuite voire secondaire au diagnostic de la lŽsion responsable. Ce nĠest parfois quĠˆ lĠinterrogatoire que lĠon retrouvera une hyperhidrose ou des troubles vasomoteurs dĠapparition rŽcente, prŽcŽdant lĠinstallation dĠun syndrome de Claude Bernard-Horner avec anhidrose. Dans un certain nombre de cas, sa mise en Žvidence pourrait conduire au diagnostic prŽcoce de la lŽsion responsable.

Alors que la plupart des expŽrimentations animales permettent dĠobtenir un syndrome dĠexcitation du sympathique de symptomatologie riche, les observations cliniques chez lĠhomme dŽcrivent gŽnŽralement des syndromes partiels. Les expŽriences de C. E. Brown-Sequard relatŽes dans un mŽmoire de 1854 [15] mettent en Žvidence des faits similaires. La stimulation de lĠextrŽmitŽ supŽrieure du nerf sympathique sectionnŽ lui permet dĠobtenir un tableau dĠexcitation du sympathique complet et net, la mme stimulation appliquŽe ˆ un nerf intact, non sectionnŽ, reproduit bien les mmes effets mais certains dĠentre eux sont moins marquŽs. C.E. Brown-Sequard constate aussi quĠune stimulation prolongŽe du nerf provoque sinon la disparition du moins la rŽgression nette des phŽnomnes vasomoteurs. DĠautres auteurs comme nous lĠavons dŽjˆ prŽcisŽ font les mmes constatations ˆ propos du diamtre pupillaire. Lors dĠune stimulation prolongŽe du sympathique cervical, la pupille peut retrouver peu ˆ peu son diamtre initial [26,55]. On a vu Žgalement que les sympt™mes dĠexcitation du sympathique cervical ne duraient quĠaussi longtemps que la stimulation des voies sympathiques persistait. Ces rŽsultats expŽrimentaux sont assez proches des situations cliniques observŽes et font ressortir la difficultŽ de la mise en Žvidence du syndrome : il dispara”t lorsque la stimulation des fibres sympathiques cesse ou mme lorsquĠelle se prolonge.

Dans les quelques cas [50,53] qui font Žtat dĠun syndrome de Pourfour du Petit complet, y compris dĠŽventuels troubles vasomoteurs et de la sudation, en fonction de la localisation de la lŽsion responsable, on constate une Žtroite similitude entre les expŽriences animales et la symptomatologie clinique. LĠanatomie des voies sympathiques et des voies rŽflexes ˆ destination oculaire, ainsi que la physiologie, nous ont permis de justifier les diffŽrentes caractŽristiques des sympt™mes du syndrome de Pourfour du Petit. Quelle quĠen soit lĠorigine, le tableau oculaire du syndrome dĠexcitation du sympathique est souvent incomplet ; de mme une localisation lŽsionnelle situŽe entre lĠŽmergence mŽdullaire des fibres sympathiques et le ganglion cervical supŽrieur ne provoque pas toujours ce type de troubles.

On peut Žvoquer alors pour expliquer ce phŽnomne de dissociation soit une disposition diffŽrente des fibres ˆ lĠintŽrieur du conducteur sympathique en fonction de leur destination pupillaire, musculaire, vasomotrice, sudoripare ou lacrymale, soit une sensibilitŽ variable de ces mmes groupes de fibres. On peut Žvoquer Žgalement des voies secondaires. En outre, les conditions expŽrimentales de stimulation de la cha”ne sympathique ne sont pas rŽalisŽes en clinique humaine.

Les deux premires ŽventualitŽs permettraient alors de comprendre lĠobservation de Vernieuwe [56] et celles qui lui sont assimilŽes. Le faisceau des fibres pupillo-dilatatrices moins atteint serait excitŽ, provoquant donc une mydriase, les groupes destinŽs aux autres structures (muscle de MŸller et graisse orbitaire) seraient eux paralysŽs, provoquant un rŽtrŽcissement de la fente palpŽbrale et une Žnophtalmie.

Au cours de cette Žtude sont apparues les corrŽlations Žtroites entre les syndromes dĠexcitation et dŽficitaire du sympathique cervical cĠest ˆ dire entre les syndromes de Pourfour du Petit et de Claude Bernard-Horner. Du point de vue dŽfinition clinique, le premier est toujours considŽrŽ comme lĠinverse du second.

Sur le plan historique, la dŽcouverte des deux syndromes est quasi-simultanŽe, Franois Pourfour du Petit notant au cours de ses expŽriences lĠexistence du syndrome dĠexcitation pour sĠattarder sur le syndrome paralytique du sympathique. Plus tard, Charles-Edouard Brown-Sequard, Serafino Biffi et bien sžr Claude Bernard dŽvelopperont les caractŽristiques du syndrome dĠexcitation en Žtudiant le syndrome paralytique. Les deux syndromes seront utilisŽs par les expŽrimentateurs qui leur succŽderont pour dŽterminer le trajet des voies sympathiques ˆ destination oculaire.

LĠexpŽrimentation animale, de mme que la clinique, permet dĠobtenir des rŽsultats rigoureusement inversŽs suivant que lĠon stimule ou que lĠon sectionne les voies sympathiques. La physiopathologie et lĠanatomie de ces mmes voies expliquent aussi bien les caractŽristiques de lĠun comme de lĠautre des deux syndromes. DĠun point de vue Žtiologique, les mmes mŽcanismes, les mmes localisations, les mmes causes peuvent donner soit lĠun soit lĠautre ; on peut dire que la dŽcouverte de lĠun ou lĠautre de ces deux syndromes a la mme signification anatomique et Žtiologique. Certaines observations sont significatives de ces constations, o lĠon rencontre une alternance des deux syndromes chez la mme personne (Coppez [24,29], Teeple [53]) ou mme leur coexistence (Vernieuwe [56]).

Cliniquement, les sympt™mes des deux syndromes sont inversŽs comme lors de lĠexpŽrimentation animale, accompagnŽs ou non de troubles vasomoteurs et de la sudation suivant la localisation anatomique de la lŽsion responsable ; dans les deux cas les troubles oculaires peuvent tre rŽduits ˆ des troubles pupillaires, mydriase pour lĠun et myosis pour lĠautre. Enfin en dernier lieu, nous avons dŽjˆ insistŽ sur la possibilitŽ dĠŽvolution dĠun syndrome de Pourfour du Petit en un syndrome de Claude Bernard-Horner.

De manire anecdotique, on constate que les dŽnominations des deux syndromes sont aussi maltraitŽes dans lĠun que dans lĠautre cas. Le syndrome de Claude Bernard-Horner devient pour les auteurs nord-amŽricains le syndrome de Horner auquel ils attribuent la paternitŽ de ce syndrome [23], le syndrome de Pourfour du Petit devient lui le syndrome de Claude Bernard mais Žgalement le syndrome de Horner inversŽ ˆ la recherche de son propre dŽcouvreur Žponyme [25].
On peut ainsi constater ˆ quel point les deux syndromes sont proches et il est possible dĠenvisager que le syndrome de Pourfour du Petit soit un premier stade du syndrome de Claude Bernard-Horner, au moins lorsque lĠŽvolution des lŽsions responsables est progressive et suffisamment lente pour quĠon puisse le mettre en Žvidence (observations de Cole [17], Tobias [54] atteignant lĠapex pulmonaire).


Conclusions

Franois Pourfour du Petit a plus contribuŽ ˆ lĠŽtude du trajet du sympathique cervical et de sa section quĠˆ celle du syndrome qui, au moins en France, porte son nom. La paternitŽ de la reproduction expŽrimentale de lĠexcitation du sympathique revient en fait ˆ Claude Bernard qui a Žgalement abondamment ŽtudiŽ le syndrome paralytique. On a vu que lĠexpŽrimentation animale permettait dĠobtenir un syndrome complet, ce qui nĠest souvent pas le cas cliniquement o le syndrome est plut™t partiel voire mme dissociŽ.

Le diagnostic du syndrome de Pourfour du Petit peut prŽsenter quelques Žcueils. Pourtant largement ŽtudiŽ expŽrimentalement, mais peu reconnu et peu dŽcrit chez lĠhomme, le syndrome de Pourfour du Petit peut passer inaperu, ainsi que le suggrent certains auteurs, en particulier lorsquĠil est limitŽ ˆ une mydriase ou lorsquĠil Žvolue rapidement vers un syndrome de Claude Bernard-Horner. La multiplicitŽ de ses dŽnominations (lorsquĠelles ne sont pas totalement mŽconnues) ne facilite pas son individualisation.

Ce travail nous a permis dĠapprofondir les connaissances ˆ propos de ce syndrome mŽconnu quĠest le syndrome de Pourfour du Petit, souvent oubliŽ, dans lĠombre du syndrome de Claude Bernard-Horner. Nous avons pu complŽter notre Žtude gr‰ce ˆ deux observations rŽcentes de ce syndrome chez deux jeunes femmes. Pour lĠune il sĠagit de la survenue dĠune mydriase isolŽe et rŽactive, persistante sans Žtiologie retrouvŽe. Dans lĠautre observation nous rapportons la survenue brutale dĠun syndrome de Pourfour du Petit liŽ ˆ un accident ischŽmique mŽsencŽphalique. LĠassociation dĠun syndrome de Pourfour du Petit et dĠune lŽsion ischŽmique mŽsencŽphalique attestŽe par lĠimagerie par rŽsonance magnŽtique est un fait unique jusquĠˆ prŽsent.

Cette thse est ˆ notre connaissance la seule publication pour le moment ˆ Žtudier le syndrome de Pourfour du Petit.




Chapitre suivant
Table des matires